Nous avons rencontré Assata BA, dans la cadre de l’exécution du projet SD3C porté par le Cncr dans le département de Goudiry région de Tambacounda

Derrière ce sourire et ce visage jovial, se cachent une détermination et un courage qui forcent l’admiration. Assata Ba, est du village de Boulel Tata situé dans la commune de Sinthiou Mamadou, à une trentaine de km de Goudiry, région de Tambacounda. Plusieurs pistes mènent à ce village, des pistes surtout à peine praticables, et qui témoignent de l’enclavement de ce village et ceux qui l’entourent. Les habitants sont essentiellement des populations de l’ethnie Peulh qui vivent d’élevage et de l’agriculture.

Une population encore fidèle à ses réalités culturelles,

À Boulel Tata les filles sont données en mariage dès la puberté, ici les parents décident, et la fille se plie à leur volonté. Assata Ba, n’a pas échappé à cette réalité; elle s’est d’abord pliée à la volonté de ses parents de lui donner en mariage à un cousin à elle. Ensuite, elle s’est armée de courage et a demandé à son papa de surseoir à ce projet de mariage qui n’épousait pas sa volonté. « J’ai demandé de manière subtile à mes parents de ne pas me donner en mariage, ils ont été compréhensifs et l’ont fait sans créer une fissure familiale. Car, je ne voulais pas non plus, que ça aboutisse à un conflit entre familles.  Du fait que celui qui devait m’épouser était un cousin, comme s’est souvent le cas dans notre société ». A-t-elle laissé entendre.

 

L’école la place qu’elle s’est choisie,

Assata  Ba, a campé sur son désir de continuer ses études. C’est ainsi qu’elle est devenue en 2019 la première habitante du village à avoir le Bfem. À ce jour, ils sont deux  dans le village, l’autre est un garçon !

Première à avoir le Bfem à Boulel Tata, aujourd’hui elle est la première à être en classe de terminale aussi, et compte bien marquer l’histoire de son village en y amenant pour la première fois le baccalauréat. Mais d’ici là, elle doit relever un énorme défi.

 

Le manque de moyens, l’autre handicap qui risque d’annihiler ses efforts,

Assata Ba a échappé au mariage forcé, pour rester à l’école, mais la vulnérabilité de sa famille risque de porter un coup à ses études. Comme un cri de cœur, elle nous a confié faire face à des difficultés financières pour couvrir les frais inhérents à sa scolarité, entre autres. Car, son père est cultivateur sans moyens et sans soutiens, sa production agricole suffit à peine pour nourrir la famille. En plus, Assata poursuit ses études au lycée de Thiakhomaty une autre commune du département de Goudiry. Donc, contrainte de rester longtemps loin des siens, dans une famille d’accueil qui est aussi vulnérable.

Toutefois, du haut de ses 18 ans, elle croit à son étoile, et se voit un jour arpenter les artères d’une université du Sénégal. Assata Ba incarne une belle histoire dans ce village où l’avenir des filles est scellé très tôt, autour d’un mariage.

 

Aliou Sambou Bodian

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