L’agriculture familiale est bien plus qu’un simple modèle d’économie agricole: elle constitue la base de la production durable d’aliments pour avancer vers la sécurité et la souveraineté alimentaire, de la gestion environnementale du territoire et de sa biodiversité, source d’importantes dimensions culturelles de chaque peuple et, en définitive, pilier fondamental du développement intégral des nations.
Dans le monde d’aujourd’hui, il est rapporté par le Forum Rural mondial (FRM) que plus de 3 milliards de personnes vivent à la campagne. Or, la plupart de ces femmes et de ces hommes, soit quelques 2,5 milliards de personnes, sont agriculteurs et plusieurs centaines de millions sont des journaliers sans terre. 40% des ménages dans le monde dépendent de l’agriculture familiale. Plus de 1500 millions d’entre eux mettent en valeur 404 millions de parcelles de moins de deux hectares, et de moins d’un hectare pour la plupart. Pour sa part, la population rurale impliquée dans une agriculture industrielle ne dépasse pas les 20 millions de personnes.
Dans le secteur rural, le bétail et les éleveurs ont une importance socio-économique et culturelle majeure, fortement liée à la notion de l’agriculture familiale. Les systèmes d’élevage extensifs occupent environ 25% de la surface de la terre et produisent environ 10% de la viande destinée à la consommation humaine, dont environ 20 millions des ménages pastoraux sont dépendants. Dans de nombreuses régions du monde, cette forme de transhumance s’adapte parfaitement à l’équilibre écologique fragile, et c’est une forme de production animale très productive, difficile à remplacer et digne de respect et de soutien.
En ce qui concerne le milieu fluvial et marin, le poisson en tant que nourriture pour la consommation humaine fait partie du droit à l´alimentation. Plus d´un milliard de personnes dans le monde dépendent de la pêche en tant que source de protéines animales. Les communautés de pêcheurs ont permis d’alimenter traditionnellement des secteurs très pauvres de la population, mais les nouvelles politiques commerciales, marginalisent la pêche traditionnelle et ont fait du poisson une nourriture pour ceux qui peuvent payer son prix. Les moyens d’existence de 357 millions de personnes dépendent directement de la pêche artisanale, qui emploie plus de 90% des pêcheurs de capture dans le monde.
En Afrique de l’Ouest, le secteur agricole demeure le premier fournisseur de main d’œuvre. Plus de 60 % de la population active de la région CEDEAO travaille dans ce secteur en dépit de la faible rémunération de son effort par rapport aux autres secteurs de l’économie. Les femmes occupent une place considérable dans le processus de production, de transformation et de commercialisation des produits agricoles. À l’heure actuelle, les besoins alimentaires des populations de la région sont satisfaits à 80 % par les productions régionales. L’essentiel de la production agricole provient des exploitations familiales de petites tailles qui méritent toujours d’être soutenues par les politiques publiques. On note aujourd’hui de plus en plus, une présence des agro-industries qui ne doit en aucun cas, être privilégiées au détriment des petits producteurs sans essayer de comprendre le modes de fonctionnement et la rationalité de ces derniers.
Au Sénégal, les céréales sèches qui représentent 66 % de la consommation totale de céréales sont produites principalement par les exploitations familiales. Elles sont la base de l’alimentation de nombreuses familles rurales et urbaines et elles fournissent l’alimentation à plus de 60 % de la population .
Les légumes de grande consommation (tomate, pomme de terre, chou, etc.) proviennent en grande partie des exploitations familiales et la production est en forte progression; c’est par exemple le cas de l’oignon et de la tomate industrielle qui contribue fortement à la couverture des besoins en concentré.
Les exploitations familiales ont aussi un rôle très important dans la fourniture de protéines animales à la population. Le poisson contribue pour environ 75% à ces apports et il est majoritairement fourni par la pêche artisanale qui assure les deux tiers des mises à terre. La contribution de l’élevage est elle aussi importante. En effet, la production de viande rouge couvre 80 % de la consommation nationale.