Le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux, CNCR qui a célébré en 2023 ses  trente (30) ans au service de l’agriculture familiale, lance une campagne de mobilisation et de plaidoyer. Les leaders du mouvement paysans le plus important du Sénégal iront ainsi auprès des paysans à travers de grands rassemblements. La première étape de cette mobilisation sera la conférence de presse prévue le 25 janvier à Dakar à l’hôtel Good Rade. Et  il s’ensuivra quatre grandes mobilisations le 29 janvier, dans quatre localités: Thiès, Kaolack, Tambacounda et Linguère ( situé dans la région de Louga). Et le 1ᵉʳ février, simultanément, Ziguinchor, Saint-Louis et Matam recevront plusieurs centaines de paysans.

 

Le CNCR lance un plaidoyer pour des réformes adaptées aux besoins des paysans du Sénégal

L’ambition du CNCR, à travers cette grande mobilisation, est de renforcer, voire influencer les réformes et politiques agricoles et alimentaires pour rehausser les performances agricoles et le niveau de contribution du secteur primaire dans l’économie nationale. Pour ce faire, le CNCR s’appuie, depuis deux ans, sur deux leviers essentiels, à savoir :

-le renforcement des capacités de plaidoyer du CNCR et de ses membres afin qu’ils soient mieux armés à influencer les politiques publiques de manière concertée ;

– le renforcement de la dynamique de concertation et de dialogue politique multi-acteurs avec un accent sur des réformes clés pouvant mobiliser le secteur privé et la société civile agricole autour d’un agenda de changement.

C’est dans cette perspective que quatre thématiques ont été ciblées et validées à kaolack les 13 et 14 juin 2023 par des leaders paysans affiliés au CNCR, venus de toutes les régions du Sénégal.

 

Plaidoyer pour une bonne gouvernance foncière, pour des emplois pour les jeunes ruraux, un accès au financement et de nouvelles dispositions de la Loi Agro-Sylvo-Pastorale, (LOASP).

Ainsi, le CNCR veut mener une mobilisation collective autour du processus de révision et d’actualisation de la LOASP

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) depuis son adoption en 2004, des résultats importants ont été enregistrés, mais beaucoup de défis demeurent pour l’atteinte des objectifs visés. En perspective de l’évaluation prochaine et de la révision de la loi, le CNCR a jugé utile de lancer une réflexion pour identifier les pistes d’amélioration. Le CNCR oriente son action sur la fonctionnalité du dialogue entre les acteurs du secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique (ASPH) qui a été institutionnalisé par la LOASP mais qui n’a pas été effective conformément aux dispositions de la loi.

 

 Le CNCR veut promouvoir un environnement qui incite les jeunes à entreprendre à travers la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’insertion/installation des jeunes dans les secteurs agro-sylvo-pastoraux et halieutiques.

Toutes les initiatives publiques et non publiques combinées en matière de création d’emplois ont certes permis de créer des milliers d’emplois dans l’agriculture au bénéfice des jeunes, mais elles sont limitées au regard des besoins réels liés à une demande nationale en croissance continue. Pour y faire face, il est urgent de mieux harmoniser les objectifs, les différentes approches et de faciliter la collaboration entre acteurs autour de cette question.

Depuis 2012, les organisations et cadres de jeunes agriculteurs, à l’image du Collège des jeunes du CNCR demandent l’élaboration et la mise en œuvre d’une Stratégie Nationale d’Insertion et d’Installation des Jeunes en Agriculture (SNIJA). C’est dans cette optique que le CNCR se mobilise avec l’appui de ses partenaires comme le DAI/USAID et IPAR à travers le projet PSS. Pour mener un plaidoyer afin d’aboutir à l’adoption et la mise en œuvre de la Stratégie Nationale d’Insertion/installation des jeunes en Agriculture élaborée dans le cadre de l’Initiative pour la Relève et le Renouveau Agricole (IRRA).

 

Le CNCR veut promouvoir et contribuer à l’animation d’un dialogue concerté et multi-acteurs sur la gouvernance foncière

Depuis les années 90, plusieurs tentatives de réformes foncières ont été lancées sans succès au Sénégal. Les autorités ont estimé que les fondements des dernières propositions sont inadaptées à une économie libérale. La Commission Nationale de Réforme Foncière (CNRF), mise en place en 2012 et dissoute en mai 2017 avant même la fin de sa mission, est quand même parvenue à produire et à remettre à M. le Président de la République, un “Document de Politique Foncière”.

Aujourd’hui, malgré la suspension du processus de réforme, le constat général est que l’État met en œuvre ses projets à incidence foncière, notamment l’octroi de terrains immatriculés au profit des investisseurs privés. Plusieurs questions se posent et méritent des réponses claires si on veut avancer et asseoir une bonne gouvernance foncière.

Le CNCR, a entrepris de se mobiliser pour produire des connaissances à partir d’analyses sur la problématique et la capitalisation des bonnes pratiques en vue de promouvoir un dialogue entre les acteurs concernés (État, collectivités territoriales, le secteur privé et les populations, en particulier les productrices et producteurs agricoles).

 

Ces réformes envisagées demeurent une contribution significative du CNCR et des paysans de l’amélioration de la production agricole

L’atteinte de la souveraineté alimentaire au Sénégal exige la levée rapide des contraintes majeures qui freinent la productivité, la production durable des exploitations agricoles et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes et des femmes dans les métiers de l’agriculture. La réalisation de ces objectifs majeurs, portés aussi par le gouvernement du Sénégal, demande l’intervention d’organisations professionnelles agricoles capables de fournir, durablement et efficacement, différents services à leurs membres que sont les exploitations familiales. Ces dernières qui constituent le socle de l’agriculture sont l’un des piliers essentiels de la souveraineté alimentaire et de l’industrialisation agro-alimentaire. C’est dans ce sens que le CNCR, en tant qu’organisation citoyenne, se fait un sacerdoce d’apporter sa contribution dans l’atteinte de cette souveraineté alimentaire qui interpelle tous les acteurs.

À titre de rappel, le Conseil Nationale de Concertation et de Coopération des Ruraux, CNCR, depuis sa naissance, a porté des luttes paysannes ponctuées de plusieurs succès structurants dans différents domaines comme l’identité paysanne, la reconnaissance du rôle des organisations paysannes dans la gouvernance du secteur agricole, l’institutionnalisation de la concertation, le financement de l’agriculture, le foncier, etc.  En dépit de ces avancées, beaucoup restent encore à faire en matière de politiques agricoles favorables à l’essor de l’Agriculture familiale. Le CNCR en est conscient et assure, en conséquence, une veille stratégique sur les politiques agricoles et œuvre sans cesse au renforcement de sa capacité d’influence. Ce qui, entre autres, justifie sa grande offensive à travers la mobilisation de plus 2 000 leaders paysans, pour porter de nouveau les défis du monde rural. Et ce du 25 janvier au 1 février 2024.

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